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T O H U B O H U
18 novembre 2018

BERNARD

 

Bernard
Bernard Métral, il s'appelait. Il avait une famille, il habitait un village pas loin de chez moi, il aimait voyager. J'ai appris ça avec le temps. Je ne sais pas grand chose d'autre de lui.


Écrire sur lui. C'est un thème ? Un hommage ? Un plaisir nostalgique ? Une marque de deuil ?
Et on fait quoi ? On pleure ? On l'encense ? On s'inspire de lui ? On se rappelle avec horreur notre obsolescence programmée ?


Une bonne idée. Mais je ne peux rien écrire sur lui. Je ne le connais pas trop. A peine, quoi. Pas plus que ça. Pas suffisamment. Est ce qu'on peut connaître les gens suffisamment ?
En tous cas, je ne le voyais qu'à l'occasion de la Table Ronde. En dehors, je ne le voyais pas. Pas en dehors. 

En dedans?


J'ai connu un gars sympa, drôle au visage émacié, avec sa guitare, son lutrin et son sac à partoches. Il nous chantait des chansons. Des chansons que j'écoutais, qui me parlaient. Il y en a une, en particulier, que j'aurais bien réécoutée ( il avait dit; " oui, la prochaine fois, là, je n'ai pas les paroles "; C'est " Voilà " qui dénonce ce tic langagier actuel qui m'irrite. Ah oui, il l'a noté lui aussi, il l'a pointé ? Et ça l'agaçait, lui aussi ? Donc, lui, il parvenait à exprimer son dedans, dehors ? Il nous l'offrait, il nous faisait partager son ressenti ?
C'était un plaisir de l'écouter, d'adhérer. On aurait pu en discuter, j'aurais bien aimé mais je ne l'ai pas fait, on ne se connaissait pas bien.


Je sais aussi qu'il avait des sourires amusés en écoutant certains de nos textes. C'est tout. Je ne le connaissais pas bien.


A la fin, à l'hôpital, quand nous étions passés le voir, nos discussions passionnées l'ont tiré de sa torpeur morphinesque; Une pointe d'humour: "Oh ça vire à la réunion CGT, là !... " puis il a resombré. Le lendemain, c'était fini. Son corps est mort. OK il n'était que poussières. OK, poussières d'étoiles, quand même !. Mais son trait d'humour ? Il est où ? Il est où ? Sa créativité ? Sa poésie ? Ses remarques sur " Voilà " ? C'est forcément dans l'air, c'est présent autour de nous. D'ailleurs, on peut les chanter ses chansons, elles existent. Si il ne les avait pas écrites, personne ne l'aurait fait à sa place.


Les morts se démodent vite. Il n'aura jamais connu l'été indien qui s'est poursuivi jusqu'en novembre, il n'aura jamais connu le prix Goncourt 2018 ou encore le beaujolais nouveau,  la chute de Carlos Ghosn", "les gilets jaunes ". Il s'en foutait peut-être, je ne sais pas, je ne le connaissais pas tellement.


J'aurais bien réécouté " Voilà " mais, non, je ne peux pas parler de Bernard, je ne le connaissais pas tellement. Il est... , voilà, il est parti.

 

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