UNE JOURNEE DE TRAVAIL
Anne, ma soeur Anne,
Aujourd'hui, l'air de rien, j'en ai pris encore une bonne dose.
J'ai pris l'air de la dame qui va travailler, qui gagne sa vie, de la femme libre, dans l'air du temps, quoi, et je suis partie à mon travail.
C'est dans l'air du temps de se trouver géniale, originale, hors du commun des mortelles.
C'est aussi dans l'air du temps de se trouver adaptée, normale, fruit de son époque.
Je les écoute. Ils ont l'air de souffrir, ils ont l'air de subir, ils ont l'air d'étouffer, de tituber, de succomber, de manquer d'air.
Je les ai entendus, c'est un air convenu, certes. Ils souffrent, ils subissent, ils étouffent, ils titubent, ils succombent, ils manquent d'air
En fait, moi, j'ai pris l'air; j'ai humé les miasmes de l'humus des marasmes humains. J'ai pris l'air. Mais comme une dame qui va travailler quoi , sans en avoir l'air.