LOMBRIC -A- BRAC
Anne ma soeur Anne,
Tout à l'heure, j'étais tranquillement dans mon jardin par une paisible journée d'été indien. Il faisait chaud, j'avais très soif, j'avais laissé traîner mon bouquin, j'attachais un peu les tomates, je désherbais un peu les haricots, je nettoyais un peu les dahlias, tout ça; en arrachant une salade, j'ai vu un gros ver de terre qui faisait tranquillement son travail de ver de terre : il ondulait, il louvoyait, il entrait, il sortait, il se tortillait , il aérait mon jardin, quoi ! Comme il ressortait de terre, je l'ai saisi par un bout, je suis entrée dedans et j'écris.
Pour le coup, j'étais Amélie Nothomb qui raconte son anorexie dans " Métaphysique d'un tube " ! Je voulais visiter le ver de la queue vers la tête, j'étais en train de chercher le wagon restaurant, j'avais très soif, je te l'ai dit, je m'accrochais aux parois accordéons trémulantes, ça bougeait, ça glissait, ça s'agitait et j'avançais. C'était rigolo !
Malencontreusement, le ver est constipé. Plus de souplesse, plus de fluidité.Une boule de vieille terre, de feuilles mortes, d'herbe sèche me barre le passage. Bon, ne pouvant me désaltérer, je décide, alors, de m'en retourner et de sortir du ver de terre. Mais je me suis embourbée, je ne puis ni avancer ni reculer, cette boule malaxée me retient et je t'appelle depuis mon portable. Anne, ma soeur Anne, si tu m'entends, je suis prisonnière des tergiversations, supputations, ratiocinements, emberlificotements, dans un ver de terre. Je cherche comment m'en sortir. Ca rigole pas !