COMMENT ECRIRE UN TEXTE

       Pour commencer à écrire, et tout va partir de là, il suffit de trousser une jolie petite phrase. Tout simplement.

  " Jolie ", pas forcément, d'ailleurs. Cette première phrase peut être pittoresque, intéressante, simplissime, classique, voire sobre ou même scolaire; C'est le rythme qui compte, le tempo, la cadence qui va annoncer, qui va entraîner la suite à sa suite.

  Je dis " petite " mais cette jolie, petite, première phrase peut être longue. Regardez Proust. Très longue. Bon, c'est vrai, pas la première : " Longtemps, je me suis couché de bonne heure " mais il suffit de poursuivre sa lecture pour en trouver plein. Des phrases longues, très longues.

Certains ne commencent pas par une phrase. Un mot suffit. Un seul mot. Un mot plein, signifiant, symbolique, évocateur, prometteur, énigmatique , engageant, exigeant, éclairant, suffisant. Un texte n'est jamais qu'un tas de mots.

Bref, l'important, c'est de commencer. Après, vous êtes embarqué.
Bien sûr, vous pouvez débarquer à tout moment, vous êtes libre. Vous arrêtez par peur, par fatigue, par impuissance, par découragement, par désespérance, par exaspération, que sais-je, par défaut, peut-être. C'est votre choix.

Mais, puisque vous avez commencé, je vous conseille de le prendre comme un cadeau et de continuer. Allégrement.

Et, alors, vous vous demandez peut-être avec un  étonnement ravi mais non dépourvu d'une certaine angoisse: " Mais, elle vient d'où, cette première jolie petite phrase qui chantait si fort dans ma tête ? " Oui, elle vient d'où ? Est ce que elle est à vous ? de vous ? Est ce qu'elle ressemble à quelques reminiscences ? Est ce le dieu des écrivants qui vous l'a soufflée ?
Bon, peu importe. Vous l'avez déposée sur le papier. Elle est là, elle existe et pour s'ébrouer pleinement, elle attend que la suite s'accroche. Les phrases qui vont suivre sont issues de elle, vivent grâce à elle, grâce à cette première jolie petite phrase, pas forcément jolie ni forcément petite ni forcément phrase avérée.  Allez-y !
Un écueil, toutefois : Evitez de penser que la suite doit être une explication ou une déduction de cette première phrase. Vous prenez les gens pour des débiles, ou quoi ? Le ton est donné et que ça saute ! La suite suit. Le lecteur lit. Vous écrivez.

      Alors, comment arrêter?  C'est parfois un souci: on écrit, on est bien, tout est dit, on n'a plus rien à ajouter et on ne sait pas comment partir, comment mettre un point final. Je ne vous conseille pas de rallongement artificiel.

      Mais ne vous en faites pas: quand le texte est fini, c'est qu'il est terminé et vous avez écrit un texte.