LE MAUVAIS TEMPS

       Aujourd'hui, je suis venue pour la garder toute la journée pendant que ses parents travaillent. Elle est malade, contagieuse donc pas de crèche, pas de nourrice et moi... j'adore!
Une petite gastro, c'est pas grave, on sait bien, après ça passe!

       Je retrouve ces journées longues, grises, ternes, interminables: la fièvre qui ne baisse pas, l'enfant qui mange du bout des lèvres, qui vomit, qui gémit, qui se tourne, qui ne trouve pas de satisfaction.
Je la berce, je la change, je la distrais.
Je joue à la baballe.
Je regarde tomber les gouttes de pluie.
" Il est où le chat? "
Elle a faim, elle a mal, je devrais...
Je monte une tour de cubes.
On change de pièce, pour changer.
Si mignonne, elle tente de trouver de l'intérêt, elle tente de manger, elle tente de dormir, elle tente de jouer, elle tente de s'abandonner.
La pluie toujours.
On va lire une jolie histoire.
Je raconte au nounours et puis au doudou.
Je reconnais bien ces journées:  ces longues journées pendant lesquelles je pensais amèrement gaspiller ma belle jeunesse sans profit ni pour elle ni pour moi. Impuissance, inquiétude, tourment. Hâte que ce soit fini, hâte que tout rentre dans l'ordre, hâte de ne plus me sentir coupable.
   Elle s'est endormie, agitée. Ce sera bref, je le sais " comme si je l'avais faite " . J'en profite pour ranger, balayer, nettoyer, m'occuper efficacement, me distraire. Et cette pluie qui n'en finit pas d'être triste!

Elle est déjà réveillée, elle a mal. Câliner, chantonner, bercer, distraire, "Il est où le chat? "

       Sa maman est là. Enfin. Elle va être guérie, je crois. Oui, sûrement.
Bon, c'est pas le tout.