DANS LE SILENCE

Le silence s'est installé.

René parle, bien sûr, il raconte, il joue.
Sa voix dans le silence. Il y a le chien au loin. Il y a la voiture qui passe, les voitures. Et les gamins qui discutent en marchant, qui s'éloignent. Un cri encore.
Et nos plumes qui grattent, nos frottements sur les feuilles de papier, nos gestes, nos soupirs, un raclement, une toux sûrement, ah non, pas aujourd'hui, peut-être tout à l'heure. Une voiture, un soupir.

J'entends un sourire, en face.

Quelqu'un s'est levé et marche un peu sur le tapis, doucement. De l'eau qui bouillonne dans la bouilloire, très fort, elle va s'arrêter après, mais pas encore.

Elle s'est arrêtée. Soucoupe. Cuillère.

Le moteur qui tourne dans la voiture devant la porte mais elle part. Alors on entend la voisine qui parle. Avec quelqu'un.

Un silence de concentration où s'incrustent les bruits de la vie dans la ville. La ville. Les bruits de la ville. Diffus. Bourdonnement. Tout à l'heure, la ville va dormir, les cloches, peut-être, ou quelques voitures mais on pourra l'entendre dormir.

Je respire. J'entends que je respire dans le silence et une voiture  qui passe et quelqu'un fait racler sa chaise. Par terre.

Et quand je respire, je vois mon jardin qui bruisse dans le silence. Alors je pense au désert.

Le désert. Dans le désert. La nuit dans le désert. La nuit dans le silence du désert.
On dit que les gens du désert entendent le chant des étoiles. Ils peuvent écouter ce que disent les étoiles. Dans le silence.